Après la mort de son père, Lucas ne sait pas quoi faire de son chagrin. Étouffé par
l’ambiance qui règne à la maison, il prend sa mobylette et s’en va. Sans préméditation,
juste pour survivre. Pendant des kilomètres, il roule avec l’idée d’aller se perdre dans la
nature. Aux mêmes instants, une biche, traquée par des chasseurs, s’enfuit à travers les
bois. Construits sur une succession de monologues, portés par trois comédien·nes de la
jeune troupe mutualisée des CDN de Reims et Colmar, les deux récits avancent
ensemble dans un seul souffle, laissant grandir un suspense inattendu. Derrière elles et lui, les paysages défilent à toute allure, relayés par un dispositif scénique et musical qui
impulse ce mouvement incessant. Jusqu’à la rencontre finale, violente et magnifique.
Dans ses spectacles, Noëmie Ksicova aime questionner la perte et la façon d’y survivre.
Ici, c’est en se fracassant contre la nature sauvage qu’un jeune homme va renaître.
Il y a quelques années, j’emmenais mon fils à son cours d’escalade. Il faisait chaud, les fenêtres de ma voiture étaient ouvertes et France Inter passait sans que j’écoute véritablement. Une émission parlait de livres pour la jeunesse et a évoqué S’arracher de Marc Daniau. Je crois que c’est d’abord la rencontre entre la solitude d’un adolescent et du sauvage (la biche) qui m’a touchée et donné envie de lire ce livre. Je l’ai lu et ce texte m ’a bouleversée. Puis il est resté sur une étagère où je mets des désirs possibles d’œuvres à traverser un jour. Quand la Comédie de Reims m’a proposé de penser un spectacle pour l’itinérance, il a surgi immédiatement. Parce que pour tous les âges, parce qu’exigeant, parce que sa structure éminemment théâtrale, parce que cette écriture d’ un souffle. Pourquoi une œuvre nous hante-t-elle ? Quel écho à notre propre histoire? La question de la perte et de comment on y survit est au cœur de mon travail depuis mon premier spectacle. La question du regard aussi. Nous qui passons plus de temps à regarder nos ordinateurs et téléphones plutôt que des yeux. Oui, comment l’autre, son regard, celui qu’on porte sur lui, celui qui est porté sur nous, peut modifier nos trajectoires de vie. Pour moi, S’arracher c’est ça. Un croisement de regard alors que nous sommes perdu·es et la vie qui rejaillit. C’est la première fois que je travaille à partir d’ un texte que je n’écris ou ne réécris pas, que je mets en scène un texte qui n’a pas été modelé par moi. Et pourtant c’est peut-être celui qui m’est le plus intime. Penser un spectacle qui va à la rencontre, qui doit exister en-dehors des lieux dédiés est un exercice nouveau, qui demande une exigence absolue parce qu’aller à la rencontre, là où le théâtre n ’est pas attendu, c’est faire le pari que peut-être une, deux ou trois personnes pourraient en être modifiées, de la même façon que le théâtre m’a modifiée et a changé le cours de ma vie. Jean Vilar disait « aller au public ». Aller vers, aller pour créer une rencontre, ça nous engage plus que tout. Avec l’équipe de S’arracher, nous nous sommes dit : « Voyons grand ! Peut-être encore plus grand que d’habitude ! Ne pensons pas spectacle, pensons expérience pour le public mais aussi pour nous ! Allons dans des zones que nous-mêmes n’avons jamais explorées ! Créons une expérience sensorielle, une bulle dans ces lieux qui initialement ne sont pas faits pour nous ! » Alors oui, créer une bulle immersive, créer une expérience à la fois émotionnelle et physique. Travailler avec les cinq sens et pour les cinq sens : avec la lumière, la scénographie, la musique, les odeurs et le texte au même niveau d’importance. Penser un dispositif bifrontal qui permet de rester au plus proche des acteur·rices, au plus proche de la fiction. Penser cette expérience comme un souffle. La structure du roman comme rythmique qui avance, qui avance et on a tellement peur de là où ça avance. Penser cette scène finale comme l’apogée de cette expérience, cette rencontre finale qui sauve et nous sauve d’une certaine manière, car elle rappelle tant que c’est par l’autre vivant et pas forcément humain, que c ’est dans le regard, celui qui envisage l’autre, que l’espoir et la vie se nichent.
Il y a quelques années, j’emmenais mon fils à son cours d’escalade. Il faisait chaud, les fenêtres de ma voiture étaient ouvertes et France Inter passait sans que j’écoute véritablement. Une émission parlait de livres pour la jeunesse et a évoqué S’arracher de Marc Daniau. Je crois que c’est d’abord la rencontre entre la solitude d’un adolescent et du sauvage (la biche) qui m’a touchée et donné envie de lire ce livre. Je l’ai lu et ce texte m ’a bouleversée. Puis il est resté sur une étagère où je mets des désirs possibles d’œuvres à traverser un jour. Quand la Comédie de Reims m’a proposé de penser un spectacle pour l’itinérance, il a surgi immédiatement. Parce que pour tous les âges, parce qu’exigeant, parce que sa structure éminemment théâtrale, parce que cette écriture d’ un souffle. Pourquoi une œuvre nous hante-t-elle ? Quel écho à notre propre histoire? La question de la perte et de comment on y survit est au cœur de mon travail depuis mon premier spectacle. La question du regard aussi. Nous qui passons plus de temps à regarder nos ordinateurs et téléphones plutôt que des yeux. Oui, comment l’autre, son regard, celui qu’on porte sur lui, celui qui est porté sur nous, peut modifier nos trajectoires de vie. Pour moi, S’arracher c’est ça. Un croisement de regard alors que nous sommes perdu·es et la vie qui rejaillit. C’est la première fois que je travaille à partir d’ un texte que je n’écris ou ne réécris pas, que je mets en scène un texte qui n’a pas été modelé par moi. Et pourtant c’est peut-être celui qui m’est le plus intime. Penser un spectacle qui va à la rencontre, qui doit exister en-dehors des lieux dédiés est un exercice nouveau, qui demande une exigence absolue parce qu’aller à la rencontre, là où le théâtre n ’est pas attendu, c’est faire le pari que peut-être une, deux ou trois personnes pourraient en être modifiées, de la même façon que le théâtre m’a modifiée et a changé le cours de ma vie. Jean Vilar disait « aller au public ». Aller vers, aller pour créer une rencontre, ça nous engage plus que tout. Avec l’équipe de S’arracher, nous nous sommes dit : « Voyons grand ! Peut-être encore plus grand que d’habitude ! Ne pensons pas spectacle, pensons expérience pour le public mais aussi pour nous ! Allons dans des zones que nous-mêmes n’avons jamais explorées ! Créons une expérience sensorielle, une bulle dans ces lieux qui initialement ne sont pas faits pour nous ! » Alors oui, créer une bulle immersive, créer une expérience à la fois émotionnelle et physique. Travailler avec les cinq sens et pour les cinq sens : avec la lumière, la scénographie, la musique, les odeurs et le texte au même niveau d’importance. Penser un dispositif bifrontal qui permet de rester au plus proche des acteur·rices, au plus proche de la fiction. Penser cette expérience comme un souffle. La structure du roman comme rythmique qui avance, qui avance et on a tellement peur de là où ça avance. Penser cette scène finale comme l’apogée de cette expérience, cette rencontre finale qui sauve et nous sauve d’une certaine manière, car elle rappelle tant que c’est par l’autre vivant et pas forcément humain, que c ’est dans le regard, celui qui envisage l’autre, que l’espoir et la vie se nichent.
Noëmie Ksicova, Juin 2025
31 Octobre 2025 : Kunheim (68)
04 Novembre 2025 : Saint-Hippolyte (68)
05 Novembre 2025 : Sundhoffen (68)
07 Novembre 2025 : Eguisheim (68)
08 Novembre 2025 : Zimmerbach (68)
12 Novembre 2025 : Muntzenheim (68)
13 Novembre 2025 : Orbey (68)
14 Novembre 2025 : Munster (68)
01 Décembre 2025 : Signy-l’Abbaye (08)
02 Décembre 2025 : Villers-Semeuse (08)
04-05 Décembre 2025 : Carignan (08)
06 Décembre 2025 : Bouconville-Vauclair (02)
09 Décembre 2025 : La Boussole (Reims)
10 Décembre 2025 : Vailly-sur-Aisne (02)
11 Décembre 2025 : Fagnières (51)
12 Décembre 2025 : Sissonne (02)
13 Décembre 2025 : La Ferté-Milon (02)
18 décembre 2025 : Courtisols
19 décembre 2025 : Château Porcien
05 - 07 Mai 2026 : Comédie de Colmar, Centre dramatique national
19 Mai 2026 : Turckheim (68)
20 Mai 2026 : Vogelgrun (68)
30 Mai 2026 : Aubure (68)
03 Juin 2026 : Thannenkirch (68)
05 Juin 2026 : Sainte-Marie-aux-Mines (68)
Autres dates à venir
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