Ça se passe sur neuf mois et quatre saisons.
Ça se passe dans un appartement, dans la rue, dans un cinéma, sur une île, dans un cabanon sur cette ile, dans l’eau, sur un lac gelé.
Janvier. Une femme meurt à trois heures. Elle s’est effondrée devant une boucherie où elle allait acheter de la viande. Elle s’appelait Alma. Nous sommes en Suède, la neige est partout. Son absence prendra un poids que sa présence n’avait pas. Elle avait un mari Knut. Elle avait un fils Bengt. Il a 20 ans. Il pleure beaucoup. Le père lui, ne pleurera pas. Le fils aime le père, il le déteste aussi.
Le fils aime sa fiancée, Bérit, elle le dégoûte aussi. Elle a toujours froid, souvent mal à la tête. Un soir, il la violera. Elle continuera à rester près de lui.
Bengt suit en cachette le père qui marche la nuit dans les rues enneigées.
Un jour, le père revient avec un chien.
Le père n’aimait plus la mère, il aime une autre femme Gun. Elle a l’âge qu’avait la mère, elle n’a pas d’enfant. Le chien est à elle. Bengt le comprendra plus tard. D’ailleurs, il violentera le chien. Il le tuera aussi. Il le noiera dans la mer.
Un jour, le père organise une rencontre entre Gun, Bengt et Bérit. Gun porte une robe qui appartenait à la mère. Cette robe, c’est le père qui lui a offert. Le fils déteste cette femme. Il la hait. Plus tard, le fils et Gun feront l’amour, ils adoreront faire l’amour. Ils deviendront amants. Elle l’aimera comme un homme mais aussi comme on aime un enfant. Il l’aimera comme on aime une mère. Une mère avec laquelle on ferait l’amour. Il continuera à la haïr parfois. Une nuit il la frappera.
Un autre soir, pendant un dîner, il se tranchera les veines devant Gun, Berit et le père avec le couteau du père qui l’utilisait pour s’éplucher une pomme. Il ne mourra pas. Le père s’occupera du fils convalescent, Bérit aussi, Gun aussi quand le père et la fianc se seront absentés..
Blotti contre elle comme un fils contre sa mère il murmurera « Maman ».
Le téléphone sonnera dans la maison. Ce seront le père, puis Bérit qui tenteront de les joindre. Ils ne décrocheront pas.
Notes d'intention
L’Enfant brûlé.
Il y a parfois des livres qui s’accrochent à vous et ne vous laisse plus en paix.
Peut-être l’histoire la plus trouble que j’ai été amenée à lire.
Partir de ça. Une épopée de sentiments troubles. Une histoire qui happe.
Une plongée dans le coeur du mot désastre.
Penser un spectacle.
Un spectacle qui serait un voyage mais aussi une expérience physique.
Un spectacle sur une douleur.
Un spectacle qui interroge sur comment le passé est une mémoire sensible qui revient sans cesse et travaille le présent.
La zone amoureuse comme espace de réparation. Est-ce que quand on aime c’est uniquement la personne en face de soi ou est ce que ce sont nos fantômes qui se superposent sur nos visages aimés ?
Chercher les zones de friction entre les nécessités de Dagerman et les miennes.
Ça parle d’un enfant que la mort de sa mère sacrifie. D’une certaine manière, c’est ça. La mère meurt et le fils est sacrifié. Et cette question serre le ventre. Le travail de création commence et surgit autre chose.
On croit parfois qu’on fait quelque chose pour une raison et on réalise que c est autre chose, qu’il y avait une question secrète qu’on cherchait absolument à percer. L’Enfant brûlé raconte la fabrique d’un monstre. La mère meurt, les gardes fous tombent, les chiens sont lâchés. Je pensais que j’allais raconter l’histoire d’un jeune garçon sacrifié par la mort de sa mère et je raconte un garçon dont la mort de la mère agit comme un déclencheur de violence. Quelle est ma responsabilité en tant que mère d’un garçon? Comment ne pas en faire un homme qui détruit? Bengt détruit et les femmes de cette histoire restent. Cette construction systémique et séculaire où les femmes se placent à devoir protéger les hommes. Et je ne fais pas exception.
Aussi. Le vent, la neige, le ressac de la mer. Faire exister ces choses là sur le plateau.
La trace des morts.
Des rues enneigées. Le froid.
Se garder de tout romantisme. Surtout celui de la jeunesse car si romantisme il y a, il n’équivaut à rien d’autre qu’à un romantisme de l’inexpérience.
Ne pas oublier que L’Enfant brûlé parle aussi de l’art de se mentir à soi-même.
Une île. On peut dire un archipel aussi. En hiver puis en été.
La mer où l’on se baigne. Où l’on se désire. Où l’on se déchire. Où l’on tue aussi.
Je regarde le monde avec mes oreilles. Partir de ça.
Parfois fermer les yeux et simplement écouter.
Donner à voir une vision parcellaire et fragmentaire. Permettre aux imaginations de reconstituer les images manquantes.
Ne pas tout mettre au premier plan. Oser cela.
Continuer à croire que l’espace du plateau où tout est pour de faux est peut-être le dernier espace de vérité.
Des lettres qu’on écrit, qu’on s’écrit à soi-même.
S’imprégner tellement de la langue Dagerman qu’on peut s’en éloigner.
Qu’on a le droit de s’en éloigner. Faire un théâtre vivant, de l’instant. Faire un théâtre pour voir celleux qui sont au plateau. Toujours au centre.
Ça se passe dans un appartement, dans la rue, dans un cinéma, sur une île, dans un cabanon sur cette ile, dans l’eau, sur un lac gelé.
Janvier. Une femme meurt à trois heures. Elle s’est effondrée devant une boucherie où elle allait acheter de la viande. Elle s’appelait Alma. Nous sommes en Suède, la neige est partout. Son absence prendra un poids que sa présence n’avait pas. Elle avait un mari Knut. Elle avait un fils Bengt. Il a 20 ans. Il pleure beaucoup. Le père lui, ne pleurera pas. Le fils aime le père, il le déteste aussi.
Le fils aime sa fiancée, Bérit, elle le dégoûte aussi. Elle a toujours froid, souvent mal à la tête. Un soir, il la violera. Elle continuera à rester près de lui.
Bengt suit en cachette le père qui marche la nuit dans les rues enneigées.
Un jour, le père revient avec un chien.
Le père n’aimait plus la mère, il aime une autre femme Gun. Elle a l’âge qu’avait la mère, elle n’a pas d’enfant. Le chien est à elle. Bengt le comprendra plus tard. D’ailleurs, il violentera le chien. Il le tuera aussi. Il le noiera dans la mer.
Un jour, le père organise une rencontre entre Gun, Bengt et Bérit. Gun porte une robe qui appartenait à la mère. Cette robe, c’est le père qui lui a offert. Le fils déteste cette femme. Il la hait. Plus tard, le fils et Gun feront l’amour, ils adoreront faire l’amour. Ils deviendront amants. Elle l’aimera comme un homme mais aussi comme on aime un enfant. Il l’aimera comme on aime une mère. Une mère avec laquelle on ferait l’amour. Il continuera à la haïr parfois. Une nuit il la frappera.
Un autre soir, pendant un dîner, il se tranchera les veines devant Gun, Berit et le père avec le couteau du père qui l’utilisait pour s’éplucher une pomme. Il ne mourra pas. Le père s’occupera du fils convalescent, Bérit aussi, Gun aussi quand le père et la fianc se seront absentés..
Blotti contre elle comme un fils contre sa mère il murmurera « Maman ».
Le téléphone sonnera dans la maison. Ce seront le père, puis Bérit qui tenteront de les joindre. Ils ne décrocheront pas.
Notes d'intention
L’Enfant brûlé.
Il y a parfois des livres qui s’accrochent à vous et ne vous laisse plus en paix.
Peut-être l’histoire la plus trouble que j’ai été amenée à lire.
Partir de ça. Une épopée de sentiments troubles. Une histoire qui happe.
Une plongée dans le coeur du mot désastre.
Penser un spectacle.
Un spectacle qui serait un voyage mais aussi une expérience physique.
Un spectacle sur une douleur.
Un spectacle qui interroge sur comment le passé est une mémoire sensible qui revient sans cesse et travaille le présent.
La zone amoureuse comme espace de réparation. Est-ce que quand on aime c’est uniquement la personne en face de soi ou est ce que ce sont nos fantômes qui se superposent sur nos visages aimés ?
Chercher les zones de friction entre les nécessités de Dagerman et les miennes.
Ça parle d’un enfant que la mort de sa mère sacrifie. D’une certaine manière, c’est ça. La mère meurt et le fils est sacrifié. Et cette question serre le ventre. Le travail de création commence et surgit autre chose.
On croit parfois qu’on fait quelque chose pour une raison et on réalise que c est autre chose, qu’il y avait une question secrète qu’on cherchait absolument à percer. L’Enfant brûlé raconte la fabrique d’un monstre. La mère meurt, les gardes fous tombent, les chiens sont lâchés. Je pensais que j’allais raconter l’histoire d’un jeune garçon sacrifié par la mort de sa mère et je raconte un garçon dont la mort de la mère agit comme un déclencheur de violence. Quelle est ma responsabilité en tant que mère d’un garçon? Comment ne pas en faire un homme qui détruit? Bengt détruit et les femmes de cette histoire restent. Cette construction systémique et séculaire où les femmes se placent à devoir protéger les hommes. Et je ne fais pas exception.
Aussi. Le vent, la neige, le ressac de la mer. Faire exister ces choses là sur le plateau.
La trace des morts.
Des rues enneigées. Le froid.
Se garder de tout romantisme. Surtout celui de la jeunesse car si romantisme il y a, il n’équivaut à rien d’autre qu’à un romantisme de l’inexpérience.
Ne pas oublier que L’Enfant brûlé parle aussi de l’art de se mentir à soi-même.
Une île. On peut dire un archipel aussi. En hiver puis en été.
La mer où l’on se baigne. Où l’on se désire. Où l’on se déchire. Où l’on tue aussi.
Je regarde le monde avec mes oreilles. Partir de ça.
Parfois fermer les yeux et simplement écouter.
Donner à voir une vision parcellaire et fragmentaire. Permettre aux imaginations de reconstituer les images manquantes.
Ne pas tout mettre au premier plan. Oser cela.
Continuer à croire que l’espace du plateau où tout est pour de faux est peut-être le dernier espace de vérité.
Des lettres qu’on écrit, qu’on s’écrit à soi-même.
S’imprégner tellement de la langue Dagerman qu’on peut s’en éloigner.
Qu’on a le droit de s’en éloigner. Faire un théâtre vivant, de l’instant. Faire un théâtre pour voir celleux qui sont au plateau. Toujours au centre.
Noëmie Ksicova, Septembre 2021
Avril 2021 : Résidence d’écriture / Chartreuse Villeneuve-lès-Avignon
Janvier 2022 : Résidence de recherche / Chartreuse Villeneuve-lès-Avignon
Mars 2022 : Résidence technique
Du 18 au 30 septembre 2023 : Résidence artistique à l’Odéon - Théâtre de l’Europe
Du 16 octobre au 14 novembre 2023 : Résidence de création à la Comédie - CDN de Reims
Du 15 au 23 novembre 2023 : Création à la Comédie - CDN de Reims
8 et 9 février 2024 : Phénix, Scène nationale de Valenciennes pôle européen de création
13 et 14 février 2024 : MCA, Maison de la Culture d’Amiens
Du 27 février au 17 mars 2024 : Odéon - Théâtre de l’Europe
Janvier 2022 : Résidence de recherche / Chartreuse Villeneuve-lès-Avignon
Mars 2022 : Résidence technique
Du 18 au 30 septembre 2023 : Résidence artistique à l’Odéon - Théâtre de l’Europe
Du 16 octobre au 14 novembre 2023 : Résidence de création à la Comédie - CDN de Reims
Du 15 au 23 novembre 2023 : Création à la Comédie - CDN de Reims
8 et 9 février 2024 : Phénix, Scène nationale de Valenciennes pôle européen de création
13 et 14 février 2024 : MCA, Maison de la Culture d’Amiens
Du 27 février au 17 mars 2024 : Odéon - Théâtre de l’Europe
Figaro Madame / 25.08.23 / Laetitia Cenac
Sceneweb / 17.11.2023 / Eric Demey
Hotello / 17.11.2023 / Véronique Hotte
Télérama / 15.02.2024 / Kilian Orain
Les Inrocks / 23.02.2024
Télérama Sortir / 28.02.2024
Les Echos / 01.03.2024 / Philippe Chevilley
Le Figaro / 01.03.2024 / Anthony Palou
La Terrasse / 29.02.2024 / Catherine Robert
Cult.news / 01.03.2024 / David Rofé-Sarfati
Un fauteuil pour l’orchestre / 01.03.2024 / Denis Sanglard
M La Scène / 03.03.2024 / Marie-Laure Barbaud
L’Oeil d’Olivier / 04.03.24 / Samuel Gleyze-Esteban
M La Scène Interview / 12.03.2024 / Marie-Laure Barbaud
Le Masque et la plume, France Inter / 10.03.2024 / Rebecca Manzoni, Fabienne Pascaud, Sandrine Blanchard, Laurent Goumarre, Vincent Josse
Sceneweb / 17.11.2023 / Eric Demey
Hotello / 17.11.2023 / Véronique Hotte
Télérama / 15.02.2024 / Kilian Orain
Les Inrocks / 23.02.2024
Télérama Sortir / 28.02.2024
Les Echos / 01.03.2024 / Philippe Chevilley
Le Figaro / 01.03.2024 / Anthony Palou
La Terrasse / 29.02.2024 / Catherine Robert
Cult.news / 01.03.2024 / David Rofé-Sarfati
Un fauteuil pour l’orchestre / 01.03.2024 / Denis Sanglard
M La Scène / 03.03.2024 / Marie-Laure Barbaud
L’Oeil d’Olivier / 04.03.24 / Samuel Gleyze-Esteban
M La Scène Interview / 12.03.2024 / Marie-Laure Barbaud
Le Masque et la plume, France Inter / 10.03.2024 / Rebecca Manzoni, Fabienne Pascaud, Sandrine Blanchard, Laurent Goumarre, Vincent Josse