UN HOMME

UN HOMME

Création automne 2026

Librement adapté du chapitre L’amour, l’enfant dans En cas d’ amour d’Anne Dufourmantelle

Conception, écriture, mise en scène
Noëmie Ksicova

Avec
Vincent Dissez
Boutaïna El Fekkak
Sébastien Eveno
Théo Oliveira Machado
Cécile Péricone
et un enfant
(distribution en cours)

Assistanat à la mise en scène
Antoine Hirel
Scénographie
Anouk Dell’Aiera
Lumière
En cours
Composition musicale et composition sonore
Bruno Maman
Costumes
Caroline Tavernier
Régie générale
Martin Massier
Administration, production, diffusion
AlterMachine I Carole Willemot et Marine Mussillon
Relations presse
AlterMachine I Elisabeth Le Coënt et Erica Marinozzi

Production
Compagnie Ex-Oblique Comédie de Reims, centre dramatique national
Coproduction
Comédie de Béthune, centre dramatique national Le Phénix, scène nationale de Valenciennes Théâtre national de Nice, centre dramatique national, Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national de Saint Denis (en cours)

Avec l’aide de la Région Hauts de France

Le livre En cas d’amour est publié aux éditions Payot&Rivages.

Avec l’aide de la Région Hauts de France, du Centro Dramatico Nacional de Madrid (Espagne), de l’Institut français de Madrid et de la Chartreuse Centre national des écritures de spectacles.

Anne Dufourmantelle raconte l’histoire d’un homme, l’Homme de la rivière. C’est son parcours de ses 30 ans jusqu’à sa mort 25 ans plus tard, qui commence le jour d’ un événement qui fait effraction et qui ne peut se lire dans la continuité du réel. Ça arrive et tout bascule : nous sommes un après-midi de juillet, dans une forêt, un pique-nique est organisé avec cet homme, son épouse, des couples d’amis dont son meilleur ami, sa femme et leur enfant, Raphaël, cinq ans. Raphaël veut chercher des libellules, l’homme de la rivière l’accompagne. En une seconde, près d’une rivière, Raphaël perd pied. Une racine peut-être ou une tentative d’attraper un insecte. Il tombe à l’eau, se noie. L’homme plonge sans réfléchir et sauve l’enfant en le ranimant. L’enfant reprend vie. Il le garde contre lui, longtemps, le réchauffe. Il garde Raphaël près de lui et un désir charnel pour cet enfant surgit. Le désir est là mais il n'a aucun geste. Il s’empêche. La jeune fille au pair de Raphaël qui voit cette scène de loin, telle la Pythie, comprend, ressent que quelque chose de grave se passe quand bien même les gestes criminels sont absents. Elle parle, raconte aux parents ce qu’elle a vu ou ce qu’elle a cru voir. Il y a un procès, l’homme de la rivière ne se défend pas. Un non-lieu est prononcé. Il fuit la France, il fuit tout et part vivre à Rome, seul. Il s’installe dans un quotidien millimétré. Vingt ans plus tard, toujours à Rome, il croise à une terrasse Raphaël devenu adulte et jeune père. Pendant 3 jours et deux nuits, alors qu'aucun des deux n'avait jamais connu d'hommes, ils ne se quittent pas, font l’amour. « Il y a une peine mélancolique à se trouver dans les bras de qui dit vous aimer pour réparer sa propre histoire mais pas pour vous. ». Raphaël est venu se confronter à cette histoire, se la réapproprier. L’homme retourne vivre en France, entame une psychanalyse. Très vite arrive la rivière par des rêves, cet enfant qui se noie et cet homme qui se noie avec lui. L’homme se met à poser des mots sur cet événement. Ceux du désir surgissant pour cet enfant. Au bout de trois semaines d’analyse, l’homme meurt, il se tue, sa voiture contre un platane.

Je suis tombée un peu par hasard, quand je faisais des recherches pour mon précédent spectacle, L’Enfant brûlé, sur En cas d’amour d’Anne Dufourmantelle et l’un de ses chapitres L’amour, l’enfant. Il m’a littéralement happée, habitée. C’est devenu évident que je partirai de ces quelques pages pour mon prochain spectacle. Mon désir d’écrire un spectacle vient d'une pulsion que je ne comprends pas, que je ne sais pas nommer. Écrire et rêver un spectacle c’est se lancer avec une question, des questions que je résoudrai peut-être ou peut-être pas. Je dois plonger dans cette histoire complètement, absolument, me l’approprier et faire fiction de ça. L’espace d’un plateau de théâtre est le lieu de questions qui me sont vitales et que je pose par le biais d’une fiction dans un espace collectif, celui d’un théâtre. Est-ce que le surgissement du monstrueux, d'un désir monstrueux comme ce désir pour un enfant, fait de nous un coupable, alors même qu'on s'est empêché, qu’aucun geste n'a été commis ? Est-ce que ce qui fait notre humanité n'est pas justement notre fragile capacité à nous empêcher de commettre le monstrueux qui est tapis en chacun de nous, plutôt que son absence ? Il y a aussi, ce jeune garçon Raphaël qui avait cinq ans au moment d’un procès, dont il était le centre et dont il n’ a pas pu être acteur. Devenu adulte, s'ouvre pour lui un espace de réappropriation, de réparation de son histoire. L’espace du charnel, du sexuel. Se confronter à « ce monstre sacré ». Sauveur ? Violeur ? Il lui doit la vie, son innocence aussi ? Travailler cette matière et en faire un spectacle demande de questionner ma pratique également du point de vue formel. Comment raconter cette histoire ? Avec quels outils ? J’ai instinctivement la sensation qu’il faut flouter les différentes temporalités, diffracter l’espace. Jusqu’à présent, je travaillais à ce que la parole qui se disait au plateau ne véhicule pas de pensées. Je n'expérimente pas la parole comme espace de vérité, je crois au contraire que si vérité il y a, elle se niche entre les mots, entre les dialogues, là où justement la parole s’arrête. Et que c’est le silence entre les mots qui raconte le centre de ce que l’on veut dire. Dans cette histoire, il est également question de séances de psychanalyse. Comment fait-on théâtre avec cette parole-là ? Et puis il y a eux, ces personnages qui pour l’instant n ’existent que dans ces quelques pages du livre d’Anne Dufourmantelle. Les rendre vivants. Leurs donner chair et corps avant qu’iels aillent à la rencontre des comédien.ne.s qui les incarneront. L’Homme de la rivière part vivre à Rome. Raphaël, l’enfant de la rivière jeune adulte le rejoindra là-bas, c’est là qu’ils se retrouveront. Il y a dans cette histoire une chose de l’ordre de la minéralité de l’espace, de ces pierres romaines qui cognent aussi contre cette histoire. Garder ça en tête que le spectacle transpire ça. Aussi, je crois, je ne sais pas encore, mais je dois aller au bout de cette piste, je crois que cette fiction qui se racontera au plateau doit se confronter à une autre histoire que je ne connais pas encore, à la parole d’un homme, condamné pour des faits de crimes sexuels à caractère pédophile. Quelqu’un dont le désir a surgi et qui ne s’est pas empêché. Qu’est ce qui nous différencie de lui ? Neige Cinno, elle-même victime d’inceste, relate dans son livre Triste tigre, comment, en caressant le dos de sa fille pour l’accompagner dans le sommeil, elle ressent dans sa chair à quel point cette frontière qui nous empêche de commettre le monstrueux est très fine. Revient encore cette question de l’empêchement… Toutes ces questions sont vertigineuses. Penser une œuvre à partir de cette histoire et de ces questions avec comme objectif d'en faire un objet public, impose de la rigueur, de creuser, de chercher. C’est le chemin que je commence à faire aujourd’hui seule à la table et dans les livres pour ensuite avec une première version de spectacle confronter cette fiction théâtralisée aux comédien.ne.s qui l’incarneront, avec iels toujours en centre pour en faire un spectacle qui pourra questionner profondément celles et ceux à qui nous le donneront à voir.

Noëmie Ksicova, 15/10/2024

Calendrier prévisionnel

Du 1er au 22 mars 2025 : Résidence d’écriture à la Chartreuse, Centre national des écritures de spectacle
Du 24 au 6 avril 2025 : Résidence d’écriture au Centro Dramatico Nacional de Madrid (Espagne) avec l’institut français
Automne 2025 : Résidence de recherche technique
Janvier 2026 : Résidence d’écriture
1er - 15 Septembre 2026 : Répétitions Paris
Septembre - Novembre 2026 : Répétitions Reims
Novembre 2026 : Création à la Comédie - CDN de Reims
A partir de décembre 2026 : Tournée